Régénération low-tech de Meryl Creek – Oregon (U.S.A.)

Régénération low-tech de Meryl Creek – Oregon (U.S.A.)
inspirée de l’ingénierie castor

Régénération d’une rivière et de son hydrosystème, fondée sur les processus écologiques

En octobre-novembre 2024, pendant un mois, quatre membres de Permalab ont suivi l’équipe de Kevin Swift (Swift Water Design) en Oregon pour contribuer à la régénération de plusieurs kilomètres de rivière et de leur milieu.

Plus d’informations à propos de la régénération low-tech de rivières sur la page dédiée

linéaire de cours d'eau

Meryl Creek

Meryl Creek est un cours d’eau fortement incisé (jusqu’à 2m sous le niveau de la plaine inondable), traversant une diversité de milieux : des zones humides de tête de bassin versant à 1450m d’altitude, des forêts de conifères (dont certaines ayant brûlé suite à des incendies) et des zones de prairies permanentes en aval (1300 à 1350m d’altitude), constituant un Ranch et destinées à l’élevage bovin.

Ces dernières se situent sur les zones de faible pente (1 à 3%), bordées de coteaux plus ou moins pentus (20 à 60%). Les zones de pâturage sont sèches une grande partie de l’année, jusqu’au au pied du cours d’eau, qui ne présente aucune ripisylve.

Entre deux zones de pâturage se situe un étang habité par les castors, formant une large zone humide et accueillant une plus grande biodiversité végétale et animale.

Restauration tronçon amont – 0.8km
Prairie humide

En tête de bassin versant se trouve une prairie humide alimentée par plusieurs sources et se déversant dans le cours d’eau de Meryl Creek. C’est un espace pâturé une partie de l’année par des vaches, jusqu’au pied du cours d’eau, canalisé dans un chenal unique d’un mètre à un mètre cinquante de largeur en moyenne, sur moins d’un mètre de profondeur (chenal lentique pour seul faciès d’écoulement).

Nous avons œuvré deux journées avec l’équipe de Kevin Swift pour permettre à la rivière de s’étendre latéralement, en utilisant la végétation présente sur place – essentiellement des pins.

Nous avons construit 29 ouvrages (principalement des ouvrages mimétiques castor) dans le lit mineur du cours d’eau, favorisant son débordement dans la plaine inondable et recréant ainsi quelques 11500 m² de zone humide alimentée par des chenaux secondaires.

Restauration tronçon intermédiaire- 1.2 km
Pinède post-incendie

Au dessus du Ranch se trouve une ancienne pinède ayant subi plusieurs incendies entre 2021 et 2024 sur des coteaux à très forte pente. Les feux de forêt laissent derrière eux des sols à nu, propices à leur érosion massive. L’installation d’un complexe d’ouvrages mimétiques castor en contrebas de ces zones brûlées permet d’en recueillir les sédiments et de corriger rapidement l’incision du cours d’eau.

Nous sommes intervenus sur un linéaire de 1.2km de cours d’eau avec 12 autres personnes l’équipe de Kevin Swift, installant un total de 34 structures pendant 4 jours.

Image satellite avant projet (2022)

Image drône après projet (2024)

En arrivant sur site, seules deux diffluences ont été identifiées. Les ouvrages réalisés ont permis de multiplier ce chiffre par 7 (15 diffluences après travaux) et de multiplier le linéaire de cours d’eau par 2 (+1208m).

Le tronçon est passé de deux faciès d’écoulement (chenal lentique et plat lentique) à 7 faciès d’écoulement : les faciès, plat courant, rapide, cascade, mouille de concavité et fosse de dissipation se sont ajoutés aux faciès existants.

Un an après la réalisation des ouvrages, les canaux secondaires sont toujours ouverts et se sont élargis (certains ont doublé de largeur)

Restauration tronçon aval – 1.1km
Prairie sèche

Dans la partie aval du cours d’eau, au milieu du Ranch, 3 ouvrages mimétiques castors ont été construits (30 personnes-jours) dans le but de faire monter la lame d’eau jusqu’à atteindre un chenal fantôme inactif, long de 715m (à 3% de pente moyenne), bordé de saules en dépérissement. Les castors se trouvant à moins de 3km de la saulaie, la remise en eau de ce chenal secondaire comporte un enjeu supplémentaire de réserve alimentaire pour les castors, qui pourraient ensuite potentiellement prendre le relai de l’entretien des ouvrages (et en construire de nouveaux).

En amont des ouvrages mimétiques castor, plusieurs PALS (Post Assisted Log Structures) – catégorie incluant les manges-berges (ou épis déflecteurs) – ont été construits, afin d’accélérer le recrutement sédimentaire destiné à faire remonter le niveau d’incision et de favoriser le débordement du cours d’eau dans la plaine alluviale et les chenaux secondaires.

Résultats :

Il se trouve que les ouvrages mimétiques castor n’ont pas suffit à faire remonter le niveau d’eau suffisament pour rouvrir le chenal secondaire. La différence de niveau était trop importante et aurait demandé un travail considérable pour l’atteindre. Cependant, la montée du niveau d’eau (environ +1m25) a eu pour conséquence de recharger la nappe d’accompagnement, dont le niveau est monté de +0.8m dans les deux mois qui ont suivi le chantier (le niveau piézométrique est passé de 2.2m à 1.4m sous la surface du sol, voir graphique ci-dessous).
Le chenal secondaire, connecté à cette même nappe d’accompagnement, s’est alors remis à couler, sans pour autant que de connection soit visible entre les deux chenaux.