Agroforesterie et agriculture régénérative d’une oliveraie

1ère étape : Cartographie et analyse hydrologique

Pour tout projet à moyenne et grande échelle, un travail cartographique préalable est nécessaire avant l’arpentage de terrain puis le design du projet.

À l’aide du logiciel QGIS (gratuit et collaboratif), des modèles numériques de terrain (DTM) de l’IGN espagnol et des données fournies par les responsables de la ferme, un certain nombre de cartes sont ainsi facilement produites, permettant d’identifier et inventorier notamment :

• reliefs du terrain
• délimitation des bassins et sous bassins versants
• carte des pentes et des différentes expositions des terrains
• comportement de l’eau dans le paysage (Index d’humidité topographique)
• points et lignes clés, points d’inflexions (essentiels pour les aménagements hydrologiques)
• occupation des sols par les cultures et la végétation
• infrastructures existantes
• …

Couplé aux données climatiques et pluviométriques quotidiennes des dernières années, cela permet notamment d’estimer des coefficients de ruissellement par zones, et ainsi des quantités d’eau ruisselées lors des précipitations, et qui pourraient donc être collectées ou infiltrées.

Les volumes d’eau calculés peuvent surprendre… car on s’aperçoit que dans beaucoup de cas, la pluviométrie annuelle, même amoindrie, suffirait amplement à couvrir les besoins des cultures, à partir du moment où :

• les sols sont en capacités de la retenir
• le choix des cultures est adapté aux conditions pédo-climatiques locales
• des aménagements permettent de conserver l’eau sur la ferme

3ème étape : Visite, arpentage du terrain et ajustement du design

Après avoir réalisé étude et design hydrologiques, nous nous sommes rendus sur place pour confronter notre travail sur carte à la réalité du terrain.

Nous avons validé un certain nombre de propositions d’aménagements, proposer des réajustements et fait de nouvelles propositions grâce à la rencontre physique avec les porteurs du projet et une meilleure compréhension de leurs besoins. 

Des relevés topographiques ont été réalisés à l’emplacement des futurs ouvrages hydrologiques

Nous avons échangé sur la réalisation et la restauration d’ouvrages existants de correction torrentielle afin de ralentir, infiltrer et répartir les eaux de ruissellement : choix des emplacements, matériaux, dimensions…

Visiblement, les anciens cherchaient déjà à ralentir et infiltrer l’eau dans le sol. Nous avons retrouvé dans les talwegs un certain nombre de restanques en pierre sèche, agissant comme corrections torrentielles, qui n’attendent qu’à être restaurées !

La diversification du système oléicole a été proposé et la mise en place de pâturage tournant dynamique

Cette phase de terrain a donné lieu à un rapport détaillant les propositions d’aménagement, leurs rôles et leurs méthodes d’implantation.

💧 Hydrologie :

Conception technique des aménagements hydrologique : retenue d’eau collinaire, canaux de conservation/dérivation, citernes, irrigation (chantier prévu à l’hiver 2023/24) 

Étape 5 : Design technique hydrologiques et réalidation des premiers ouvrages

Après plus d’un an de planification et de conception pour la gestion du ruissellement, la restauration des cycles de l’eau, et les systèmes agroforestiers, nous sommes de retour sur le terrain pour concrétiser enfin les premières grandes structures du paysage.

Pendant l’été 2023, l’équipe de la Finca a mis en œuvre environ 40 « check dams » ou « infrastructures pour la correction torrentielle », avec des techniques et des matériaux divers, selon nos recommandations, pour restaurer la fonctionnalité du paysage du point de vue hydrologique.

C’est magnifique à voir, d’autant plus dans un contexte aussi rude du point de vue de la sécheresse. Dans la vallée en amont de la retenue que nous construisons, on a été agréablement surpris de voir tous ces ouvrages en eau ! Ils ne retiennent pas seulement l’eau et l’absorbent, mais ils agissent également comme des bassins de sédimentation très efficaces.

En descendant la vallée, l’eau qui circule est limpide, alors que plus bas, au niveau de la rivière, l’érosion des parcelles voisines teinte l’eau couleur chocolat. Un calcul rapide nous fait prendre conscience que ces “petits” ouvrages retiennent collectivement entre 800 et 1000 m3 ! 

Il n’a pas plu depuis plus de deux semaines, et même dans le contexte d’un sol très perméable, pauvre, et peu profond, un petit ruisseau se créé et continue à circuler. 

À la suite de l’étude technique agroforestière, nous nous sommes penchés sur l’étude technique pour la réalisation de 3 réservoirs collinaires, qui soutiendront les besoins d’irrigation de la ferme 💦

Nous avons d’abord dû évaluer les besoins en eau de chaque culture intégrée dans le plan agro-forestier, pour dimensionner le volume total nécessaire à l’irrigation agricole de l’ensemble des cultures, mais aussi chaque parcelle individuellement.

L’estimation des volumes stockables au niveau de chacune des retenues projetées a été réalisée à l’aide d’un modèle hydrologique permettant d’intégrer l’occupation des sols ainsi que, leur capacité d’infiltration pour chaque sous-bassin versant.

Ce bilan hydrologique a été mené au pas de temps journalier et horaire. L’effet de l’évaporation sur les plans d’eau créés a été intégré en fonction de leur niveau de remplissage à chaque pas de temps, permettant ainsi d’estimer le volume d’eau utilisable pour l’irrigation durant la période de demande des cultures.