Création d’une ferme agroforestière
Une micro-ferme au sein du domaine
Le Domaine de Manville est un ensemble Golf, Hôtel et Restaurants gastronomiques s’étendant sur une centaine d’hectares aux Baux de Provence (13).
M. Patrick Saut est le propriétaire et créateur du Domaine. En 2017, il effectue, avec un groupe de chefs d’entreprises français, un voyage en Inde et y rencontre Vandana Shiva, écologiste et activiste indienne mondialement connue, qui leur parle de permaculture comme une voie majeure de transformation de nos sociétés et écosystèmes humains. De retour en France, il décide de développer la permaculture au Domaine de Manville en y créant une ferme alimentant les restaurants du Domaine.
superficie du projet
Permalab a réalisé pour ce projet :
Plan de conception global hydrologique et végétal
Un bassin de rétention des eaux pluviales
Verger-maraicher, forêt nourricière, haies diversifiées…
Le Domaine de Manville a développé un projet de microferme en agroforesterie, au sein du domaine, afin de produire légumes, plantes et fruits pour fournir son restaurant en produits frais et biologiques. Au-delà d’être un simple espace productif, la microferme a été conçue, à partir des principes de la permaculture, pour être un véritable écosystème fertile accueillant une grande biodiversité et résilient en eau, esthétique et parfaitement intégré dans son environnement. Implantée sur une parcelle à la terre très appauvrie et au milieu d’un verger existant, cette ferme a soulevé un grand nombre de défis techniques, agronomiques et paysagers. Elle a donc aussi pour vocation d’être un exemple pédagogique et reproductible d’une forme d’agriculture régénérative, au cœur du Parc Naturel des Alpilles.
Déjà engagé dans une démarche écoresponsable, notamment dans la gestion de l’ensemble des terrains de golf, le Domaine de Manville a souhaité aller plus loin par la création d’une microferme qui réponde aux enjeux écologiques d’importance dans la région.
Un sol vivant, des arbres dans les cultures, la biodiversité et la gestion de l’eau comme leviers…
La production agricole repose sur le principe du maraîchage sur sol vivant : on ne travaille plus le sol, ou très peu, mais on cherche sans cesse à améliorer naturellement sa fertilité par des apports de matière organique, des biofertilisants ou des cultures d’engrais verts qui le protègent et le nourrissent. Dans un sol fertile, les plantes poussent mieux, n’ont pas besoin des produits phytosanitaires, et demandent moins d’eau car le sol reste humide sous le couvert permanent. L’objectif est d’aboutir à une fertilité biologique du sol inédite dans la région sur l’ensemble des zones de cultures.
L’agroforesterie cherche à intégrer les arbres au cœur de l’écosystème que représente la microferme, notamment car les terrains de cultures ont été implantés dans et autour d’un verger d’oliviers existant. Des dizaines de nouveaux arbres et arbustes (fruitiers, aromatiques, mellifères…) ont été ajoutés, formant un véritable verger-maraîcher permettant de cultiver simultanément sur plusieurs strates de végétation, pour optimiser l’espace et les ressources et intégrer la biodiversité. Des haies (fruitières, brise-vents et entomofaunes accueillant la faune et les insectes) sont désormais implantées dans la ferme pour leur rôle écologique ou productif.
Les arbres ainsi omniprésents favorisent la création de microclimats localisés, notamment par l’ombre et l’effet rafraichissant qu’ils apportent durant les étés de plus en plus caniculaires. Ils ont bien d’autres fonctions écologiques favorables telles que les symbioses bénéfiques au niveau des racines qu’ils génèrent par la présence de mycorhizes, les multiples effets de protection et d’accueil de la biodiversité, mais aussi la beauté qu’ils amènent sur le site.
Les essences locales et celles adaptées aux conditions pédoclimatiques (« du sol et du climat ») du terrain ont été privilégiées afin que les arbres soient naturellement résistants et en bonne santé tout au long de leur vie.
La biodiversité est l’atout majeur pour obtenir un système résilient qui se rapproche des écosystèmes naturels. En implantant une grande diversité végétale et en restaurant le milieu humide dégradé, les conditions sont rendues optimales pour permettre la présence d’une grande variété d’insectes, batraciens, oiseaux, etc. qui exercent un impact positif sur le contrôle des nuisibles aux cultures, la pollinisation, la fertilité du sol, et tout simplement le retour de la vie, sous toutes ses formes.
Intégrer parfaitement le projet au cœur d’une zone riche de nature et de patrimoine
Ce projet de microferme a dû relever plusieurs défis écologiques majeurs et a aussi la particularité de devoir parfaitement s’intégrer au cœur du Parc naturel régional des Alpilles et dans le périmètre visuel du Château des Baux de Provence, classé patrimoine historique. Cette position soumet donc la conception du projet aux règles et à la validation des administrations concernées.
La position particulière du domaine de Manville, sis au cœur du Parc naturel régional des Alpilles et dans le périmètre visuel du Château des Baux de Provence, a soumis la conception du projet à des contraintes architecturales et paysagères strictes, en particulier pour les sens d’alignement des arbres et haies, les hauteurs de végétation, la couverture végétale du bassin et les tracés des cheminements.
Quant au Parc naturel, dont la zone a longtemps été sujette à des pratiques agricoles intensives, il a pu trouver dans ce projet une volonté de régénération d’un espace dégradé et de réinstauration de la biodiversité endémique. La sélection des arbres et arbustes pour les haies et les divers aménagements s’est faite en concertation avec des spécialistes de la faune et de la flore, pour choisir des essences adaptées aux conditions climatiques et propices à la biodiversité locale.
Un exemple à reproduire et un support pédagogique pour essaimer
Au-delà d’être un simple espace de production pour le Domaine de Manville, la microferme a pour vocation d’être un modèle d’une nouvelle forme de faire de l’agriculture tout en régénérant la terre. La large palette de techniques agro-écologiques déployée, les principes de conception d’un véritable écosystème favorisant la présence naturelle de l’eau et de la biodiversité, l’association avec les arbres, l’utilisation ultra-locale de la production et le recyclage des déchets, tout a été conçu pour être reproductible, notamment en Provence, qui partage, en beaucoup d’endroits, le même contexte climatique, hydrique, agronomique et social que dans le PNR des Alpilles.
Ouvrir et montrer la micro-ferme du Domaine de Manville au plus grand nombre, fut l’autre ambition pédagogique du projet, afin de sensibiliser le public à tous les enjeux écologiques de la région et aux solutions possibles à mettre en œuvre, mais aussi pour partager auprès des décideurs et professionnels l’expérience de pratiques régénératives et productives mises en œuvre dans leur région.
Avec l’ambition que ce modèle essaime au travers du territoire…
Bassin de récupération des eaux de ruissellement
L’eau est un enjeu majeur dans les évolutions climatiques actuelles : les précipitations annuelles diminuent, les périodes sans pluie s’allongent sur plusieurs mois et l’agriculture locale doit désormais compter avec ce régime de sécheresse omniprésent, mais aussi des épisodes pluvieux violents et sporadiques à certaines périodes de l’année. Détourner de l’eau de cours d’eau existants ou la pomper dans des nappes souterraines sont des solutions à fort impact négatif sur le milieu naturel et repoussent sans cesse le problème plus loin.
Notre conception hydrologique cherche au contraire à obtenir une véritable résilience hydrique, c’est-à-dire viser l’autonomie pour l’alimentation en eau. Pour cela, plusieurs stratégies ont été mises en œuvre :
D’abord réduire les besoins…
Au niveau des cultures, la démarche à constitué à diminuer et optimiser le besoin en eau : par le maraîchage sur sol vivant, la présence des arbres et surtout l’adaptation des plantes cultivées aux contraintes climatiques grâce à la production de nos propres semences chaque année.
…et stocker l’eau dans le paysage
L’autre enjeu a consisté à retenir et stocker l’eau sur le site, en particulier l’eau de pluie, pour la rendre disponible durant les périodes sèches.
Pour cela notre premier objectif fut d’enrichir et augmenter la matière organique du sol, qui représente le milieu le plus propice pour accueillir cette eau.
Nous avons ensuite trouvé un moyen de récolter (littéralement) l’eau de ruissellement. Auparavant, l’eau de pluie tombant sur les pentes autour du site s’écoulait par ruissellement puis se concentrait vers une large tranchée qui traversait le terrain (la ripisylve) avant de poursuivre sa route rapidement hors du site, causant parfois également des crues en aval.
Pour pallier cette perte d’eau, de nouveaux arbres sont venus enrichir la ripisylve et un bassin naturel entièrement végétalisé a été aménagé de façon à ralentir et récolter le plus grand volume possible des eaux traversant le site.
L’eau ainsi stockée constitue une ressource naturelle, durable et autosuffisante pour l’irrigation des cultures, contribuant également à un microclimat plus frais et accueillant pour la biodiversité.
Enfin, des cuves de récupération ont été implantées, afin de capter au mieux les eaux pluviales qui tombent sur les bâtiments construits.
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